J'ai goûté a cette chair putride, je
n'y ai pas vraiment réfléchi. Je n'ai pas été maître de moi
même. Je ne sais plus si je l'ai été un jour. Ma volonté s'est
évanouie.
Je n'ai plus que des incertitudes, j'ai
le sentiment d'avoir tout perdu, ma vie, mes souvenirs. Je ne sais
plus vraiment si je suis moi ou si je suis devenue quelqu'un d'autre.
Je m'allume une cigarette, le cadavre
repose sur mes cuisses nues. Le goût du tabac se mélange à celui
du sang, je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Mon corps tout entier
me l'a ordonné.
C'était mécanique. Instinctif. Il y a
eu comme une décharge à l'arrière de mon crane, et c'est arrivé.
Il a dû se produire quelque chose,
pourtant, il ne s'est rien passé d'extraordinaire ces derniers
temps. Je me suis couchée de bonne heure hier soir, je me suis levée
avec une migraine. C'est là tout ce qu'il y a de notable. Ce soir,
ce type à sonné chez moi et la décharge s'est produite.
Mes mains sont noires de sang coagulé,
j’ai essayé de les essuyer sur mon short, mais ça s'est étalé.
Je n’éprouve pas de remords. De
l’incompréhension seulement. Je sens dans mes tripes que je devais
le faire pour survivre, ce n'était pas une pulsion meurtrière.
J'avais faim. Juste faim. De cette faim
qui tenaille l'estomac, le serre, comme entortillé dans des doigts
invisibles, qui s'amusent à trifouiller tout ça.
J'ai tellement faim.
J'écrase ma cigarette et me lève,
écartant du pied le cadavre puant.
Quelques minutes plus tard, quelqu'un
sonne à la porte.
J'ai commandé un livreur de pizza avec
un supplément de chorizo.
13/07/2012
Crayon gris et acrylique noire, format A4.
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